" Cimetière "
A première vue, le cimetière ainsi placé au centre du bourg et où l’on continue d’inhumer, est presque devenu une rareté. A peu près partout ailleurs, en effet, même dans de petits villages non moins soucieux d’économie que d’hygiène; le champ du repos a été transporté en pleine campagne, tandis qu’au Breuil, aujourd’hui comme autrefois, il n’a jamais cessé de suivre l’église. L’ancienne église et l’ancien cimetière existaient, à l’époque de la Révolution, vers les premières maisons que nous avons rencontrées à gauche en entrant dans le bourg. Cette croix en pierre provient de là.
Telle que vous la voyez, délaissée, mal et à peine appuyée contre le mur d’enceinte, elle est certainement exposée à tous les outrages du temps et des êtres ; et cependant, ne serait-ce qu’à titre de souvenir local ou de sculpture du XVI ème siècle, elle mérite d’être respectée.
Le bras qui manque au croisillon gît dans l’herbe ; un autre morceau, moins intéressant, domine l’angle du mur de la cure ; enfin, l’une des faces de la croix avec son beau christ surmonté d’un nimbe caractéristique, la plus belle évidemment, est à peine visible et difficile à apprécier, tant il est difficile de soulever cette lourde pierre pour mieux la voir. Il serait très facile, au contraire, d’en rassembler et consolider les débris, et, sans rien dépenser, voire même en les échangeant contre de la reconnaissance de les conserver au Breuil ou de les envoyer au musée lapidaire d’Autun. Marmagne, qui possède une croix moins belle et plus mutilée que celle-ci, l’a conservée, et c’est plaisir de voir avec quelle persévérance et quel soin, car elle est littéralement bardée de fer. Broye a aussi la sienne tout à fait curieuse, intacte, et replacée solidement aux abords du village.