Notre première promenade s'est faite et devait se faire à Montcenis, ancien chef-lieu du Bailliage.
Le Breuil a droit à la seconde, parce que, pendant plus de six siècles connus, et jusqu'au 1er janvier 1793, il fut à la fois le chef-lieu de la Commune et de la Paroisse du Creusot, tout petit hameau devenu grande ville et chef-lieu de canton du Breuil. De ce fait, les actes administratifs, civils et religieux du Creusot, entre autres ceux des naissances, baptêmes, mariages et décès s'enregistraient encore au Breuil, il y a moins de cent ans. Donc, à la mairie, à l'église et au cimetière du Breuil, nous retrouverions des noms et des cendres de nos ancêtres creusotins. Mais, ce souvenir patriotique et filial n'intéressant pas la généralité des touristes, ajoutons-lui des souvenirs historiques.
Et d'abord, le nom de Breuil vient du latin brolium, brogilus, vulgairement employé, à la place du mot luci, pour désigner des maisons de chasse. Cela prouve que de longue date ce pays fut exceptionnellement giboyeux et attira les chasseurs. A leur tête il faut placer les propriétaires ou seigneurs de l'endroit. Ceux-ci possédaient ailleurs un manoir et des terres plus vastes, et plus propices aux relations et aux distractions sociales ; ils se contentèrent primitivement de venir périodiquement et passagèrement au Breuil, chaque année pendant la saison de la chasse.
Le premier bâtiment ancien que nous rencontrons sur notre gauche, à environ 700 mètres du bourg, confirme l'assertion ci-dessus, non moins que l'étymologie même du Breuil.